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Une activité de sensibilisation sur l’avenue Masson



À titre d’enseignant, il n’est pas facile de proposer des activités qui permettent de mobiliser le savoir-agir de nos jeunes. Pourtant, cette composante est absolument nécessaire dans l’éducation de nos élèves puisqu’il s’agit de la dimension collective de l’écocitoyenneté. Cette semaine, il m’est arrivé une aventure vraiment intéressante qui mérite d’être partagée ici.


Je m’appelle David Rousseau. Je suis enseignant en science 4e secondaire et conseiller en éducation relative à l’environnement au Collège Jean-Eudes à Montréal. Le mois de novembre est le moment de l’année où je parle à mes classes de l’urgence climatique. Cette année, j’essayais de nouvelles approches avec mes élèves pour rendre mon cours encore plus expérientiel et moins magistral.


Une de mes idées d’activités encore très embryonnaire était de partir du fait que la grande partie des connaissances scientifiques véhiculées dans mon cours ne sont pas vraiment connues par le grand public. J’espérais que les jeunes créent des schémas conceptuels entourant les limites planétaires et que l’on puisse ensuite les dessiner à la craie dans les ruelles entourant notre école. L’idée n’était pas mauvaise, mais ça ne s’est pas du tout matérialisé de cette façon et je pense que la voie que mon groupe d’élèves a empruntée est encore plus riche et signifiante.


Alors, bien naïvement, la semaine dernière, j’ai lancé cet appel à ma classe : « Réalisez-vous la gravité de ce qui se passe en ce moment? Réalisez-vous en plus que les individus ne sont pratiquement pas au courant de tous ces détails? Qu’est-ce que vous pouvez faire concrètement pour que la société se mette en action ? ».


Je n’aurais jamais pensé que la réponse allait être aussi forte.


Quelques élèves ont pris le leadership et ont imaginé une sortie de classe où nous pourrions aborder des passants et leur transmettre nos connaissances sur la crise environnementale. Ils ont soumis leur idée à la classe et, à mon étonnement, tout le monde était motivé pour faire ce projet. Ce fut le départ et une grande tempête d’idées s’en est suivie.


« Nous allons aller au parc Maisonneuve! »


« Nous allons ramasser tous les déchets et les trier dans des sacs! »


« Nous allons créer des grandes affiches avec une échelle du temps! »


« Nous allons expliquer aux piétons l’importance des 10 limites planétaires! »




C’est à cet instant que l’enseignant est absolument nécessaire. D’abord, pour leur offrir du temps, du temps pour discuter, s’organiser et réaliser l’activité. Ensuite, je dois être là pour pousser vers l’avant les bonnes idées, mais aussi (et surtout) les aider à réaliser qu’ils voient parfois trop grand. J’ai dû insister sur les contraintes : le temps de préparation, notre matériel disponible, le temps de réalisation de l’activité, le nombre de passants qui voudront s’arrêter pour les écouter, le temps d’écoute des auditeurs, etc.


J’avais un réel plaisir à les regarder travailler. Je sentais qu’il y avait quelque chose de spécial qui se déroulait devant moi. Subitement, ce n’est plus du tout mon projet, mais bien leur projet, leurs idées, leurs actions. Évidemment, je me suis senti un peu en danger et bien loin de ma zone de confort de prof de science, mais j’avais envie de l’essayer et de vivre une expérience nouvelle avec ce groupe d’adolescents.


Nous en sommes arrivés à un produit fini fort réaliste. Le vendredi 3 décembre, à la 3e période, nous irions sur l’avenue Masson sensibiliser les piétons aux enjeux de la crise environnementale. Nous formerions 6 équipes et chaque équipe se positionnerait à un endroit déterminé pour discuter d’un sujet précis. Nous allions donner des informations expéditives pour garder l’attention de notre auditeur.


Voici leurs sujets :

1. L’effondrement de la biodiversité

2. Les émissions de gaz à effet de serre

3. La fonte des glaciers

4. L’écoanxiété

5. Les conséquences internationales

6. L’empreinte écologique et les solutions.


Les élèves ont utilisé une période de 75 minutes pour préparer leurs présentations et je pense que la motivation était au rendez-vous comme le témoignage mon petit sondage. J’en ai profité pour discuter de leurs attentes et m’assurer qu’elles étaient réalistes par rapport à l’activité. J’ai également pris un moment pour leur démontrer que peu importe ce qui se passerait le jour de notre sensibilisation sur Masson, nous aurions tout de même appris de nouvelles choses, développé de nouvelles compétences et repoussé nos limites.



Le jour J : vendredi 3 décembre 2021

L’activité s’est très bien déroulée. Tout le monde semblait engagé. Les commentaires des élèves étaient tous très positifs. J'ai pu circuler entre les équipes pour m'assurer que tout se passait bien et j'ai pris quelques photos pour immortaliser leur superbe travail.



Les élèves ont pu me donner une petite rétroaction sur le projet. En voici les faits saillants:


Finalement, pour le lecteur de ce texte, n'allez pas croire que ça se passe toujours comme ça en enseignement. Preuve à l'appui, j'ai placé mon autre groupe d'élèves exactement devant les mêmes circonstances et les mêmes paramètres et il n'y a pas eu cette même étincelle qui nous a poussés vers l'action. Pourtant, ils ne sont ni moins bons, ni moins concernés par l'urgence environnementale. Je pense que c'est simplement circonstanciel. C'est un autre argument pour se donner la peine de saisir la balle au bond et de profiter du moment quand les astres sont alignés pour vivre une expérience signifiante prof-élève.



Merci aux adultes accompagnateurs: Julie Cloutier, Guillaume-Olivier Choquette et Marie-Claude Pelletier

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